Balticum nostrum - Återvändaren börjar uppleva lycka i Travemünde

Pour un alsacien de Strasbourg l'expression "Mare nostrum" est incompréhensible. Premièrement parce qu'elle est en latin, deuxièmement parce que nous n'éprouvons pas de sentiment d'appartenance à une mer lointaine qui se trouve derrière la trouée de Belfort qu'il faut abruptement monter, et qui est quelque part coincée après le Massif Central et les Alpes, et troisièmement parce qu'il nous faut juste aller tout droit vers le Nord pour descendre à la mer Baltique, ou Östersjön en suédois, mer de l'est.

 Et entre les Vosges et la Forêt Noire la prédisposition cosmique engage naturellement les alsaciens vers le nord sans les obliger à réfléchir. Même pas besoin d'un GPS. On n'a pas non plus besoin d'être bilingue, il suffit de prendre la ligne des oies tout droit au nord. On les voit deux fois par an, on sait comment faire. Et avec ma Yéti je n'ai consommé que... 3,9 litres aux 100 sur 800 kilomètres, ceci mesuré à la pompe. Cest l'équivalent de 7 grenouilles pour 100 kilomètres à vol d'oie. Il suffit de tenir droit le volant, de bien libérer les aisselles et d'écouter France Culture jusqu'à Mannheim, puis hr2 et ensuite NDR Kult.

A 22 heures le ferry de la Finnlines m'emmène à Malmö. Et demain je rejoins Oskarshamn par la route des cristalliers en passant par Kosta Boda pour y voir les artistes à l'œuvre, dont Bertil Valjén >>> https://www.hotchkiss.eu/travelblog/index.php?post/2018/08/05/Bertil-Vallien-Skulpt%C3%B6r%2C-glaskonstn%C3%A4r%2C-keramiker%2C-formgivare-/-Kosta-Boda . Et demain soir à 22 heures appareille mon autre ferry pour Gotland où j'arrive à 1 heure du matin.

 

Les voiliers hissent tous le spi pour sortir de la rade de la Trave. Ils ont vent arrière. Je connais cette rade par cœur pour y avoir circulé à vélo avant ou après mes expéditions arctiques, et même en Hotchkiss de 1925 ou avec ma MGB de 1980.

Sur ce 4-mats, le Passat, mon grand-père paternel, alsacien de l'Alsace annexé de 1870 à 1918, a voyagé sur tous les océans et fait ses écoles dans la marine du Kaiser Wilhelm.

La croisette de Travemünde est plus bondée que les rues de Strasbourg au Marché de Noël. Il faut sortir les dards pour marcher droit et aller jusqu'au bout. Vivement la tranquillité de Gotland.

Juste avant la tombée de la nuit, au moins 200 oies viennent de terminer la traversée de la Baltique et se sont choisi un toit plat d'un magnifique hangar portuaire pour passer la nuit avant de poursuivre demain leur migration vers l'Alsace. Elle sont heureuses comme tout et chacune d'elles sait le crier sans modération. Se sont elles qui m'accompagnaient les années passées dans les airs au-dessus du Cercle Polaire quand j'allais au Cap Nord. Se sont les seuls êtres sur terre qui savent me rendre heureux. Elles connaissent leur place.

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