Fårösund - Bunge Wandrarhem
Par Thåmas le 16. octobre 2019, 18h13 - Catégorie : Hösten 19 - Det sjunde inseglet - Lien permanent
Le tragique de tout voyage est qu'il comprend la fin avant le commencement, qu'il prive d'existence et qu'à marche forcée il ne permet que de faire compactage et segmentation.
Lors d'un voyage on est le moins naturel qu'il soit, encore faudrait-il qu'à la maison on soit réceptif.
Peut-être que de voyager permet d'aller d'une surdité à l'autre, et que ça suffit pour remplir sa bagagerie.
Le voyage est un des pires moments de la vie.
Mille, dix mille fois je ne me suis pas arrêté pour prendre la photo de mes rêves.
Ou bien, comme aujourd'hui où j'ai eu dans le brouillard de la Baltique la plus belle de mes étapes depuis mon départ à Helsinki,
le bonheur instantané de toute une journée est peroxydé par un nouvel événement, l'arrivée au Wandrarhem.
Rien d'exceptionnel en soi, mais le champ de vision a de nouveau borné ailleurs. Je ramènerai quoi à la maison?
Bavardage, frime et une collection de "moi-je" qui de toutes façons n'intéresse personne. Det är livet!
La directrice du Wandrarhem est très gentille et très attentionnée et ce n'est pas parce que je suis le seul pensionnaire.
Ici, c'était un centre de formation de l'armée de l'air suédoise. Le bi-plan est un Antonov ukrainien.
Entre Visby et Fårö il y a plein de places fortes militaires pour tirer en l'air et de musées pour ceci, ce qui ne m'intéresse pas.
Mais ce bi-plan, qui aujourd'hui peut moins faire que mes folles amies les oies, laisse dans le brouillard une mélancolie de voyageur.
.
Demain soir, après mon pilgrimsleden sur Ingmar Bergman je vais à l'école supérieure de Fårösund à une conférence sur la vie et l'œuvre de l'écrivain de Gotland qui est Kajsa Hallgard.
Kajsa Hallgard a par exemple écrit :
- En man finner sin väg - Un homme trouve son chemin
- Drömresa - littéralement Voyage de rêve, sinon Vacances
Vous voyez, Gotland, qui est un bout du monde autour duquel il n'y a plus rien, ne peut que interroger l'homme quand il se trouve sur le fil du paysage. Que ce soit elle ou moi, même combat.
Vous êtes-vous déjà posé la question sur la longueur d'une tablette de chocolat?
Cela fait 66 ans que j'en mange et leur longueur était aussi invariante que le nombre de mes doigts de pieds. Une certitude qui vient de nulle part vous promène de vos souvenirs eidétiques jusqu'à de la projection philosophique en passant par votre jardinage phénoménologique. Nous flottons sur des bases de données sans le moindre des esprits critiques - ce qui fâcherait Adorno - et on appelle ceci la vie. Et cent ans plus tard vient un autre philosophe qui vous prouve que vous vous êtes trompé sur toute la ligne dans votre parl'être et vous le croyez. Pour résumer, ici les tablettes de chocolat sont plus courtes que dans l'Europe sous la Baltique. Les voyages son formateurs pour l'estomac.
Je m'efforce de ne pas avoir plus de deux événements par jour pour ne pas bourrer le tetrapak non recyclable de ma tête.