Jag kan inte lämna Luleå - Je ne peux laisser derrière moi Luleå - "Häng City" av Mikael Yvesand - ma 5ème traduction d'un roman suédois
Par Thåmas le 17. novembre 2024, 15h55 - Catégorie : översättningar till franska - traductions depuis le suédois - Lien permanent
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Après un séjour de 2 mois en Suède, septembre-octobre, sur les îles de Öland et de Gotland
où j’ai fait 2513 km avec mon vélo biomécanique,
je reprends ma traduction du roman Häng City de Mikael Yvesand
ère publication 6 juillet 2024 | Luleå exerce sur moi une attraction que je suis incapable de contenir. J'y étais à vélo lors de ma 12ème conquête du Cap Nord en 2016, j'y suis retourné avec le roman Återvändaren de Anders Sundkvist à l'été 2023, et j'y reviens en cet été 2024 avec cette 5ème traduction que j'entreprends aujourd'hui. Ici aussi, le centre de gravité se trouve à Luleå, une ville tout au nord du Golfe de Botnie en face de la Finlande et que j'avais atteinte en seulement... 20 jours depuis Trelleborg à l'extrême sud de la Suède, du 6 au 26 juillet 2016 après ~~ 1600 km. Ma traduction en cours du roman Twist de Klas Östergren restera en souffrance et passe en 6ème position.
Du 6 février au 28 juin 2024, j'ai fait 4319 kilomètres - les 1043 derniers de nouveau avec le bio-vélo - après avoir terminé ma 4ème traduction. Maintenant je me remets à mon bureau et j'ai le mur en face et une toute petite lithographie signée, datée de 1928, en noir & blanc, sur un papier jauni, intitulée "Vårdag", Jour de printemps, qui montre un grand corps de ferme incomparablement suédois où l'on voit des arbres, mais encore sans feuilles. L'herbe non plus n'a pas encore poussé, mais le titre est Vårdag. C'est à celui qui la regarde de s'inspirer du printemps. Je l'ai ramenée l'année dernière de Fårö. En septentrion il ne viendrait à personne d'appeler un tableau Printemps alors que les arbres sont dégarnis et que la végétation n'est pas encore apparue. Mais dans les pays nordiques le schéma indiciaire est différent, et le positionnement de soi face à l'alentour est approfondi, ce qui est pour nous intériorisé est dans le Nord un dialogue. En septentrion nous sommes trop imbéciles pour entendre d'où viennent les ondes.
L'éditeur Polaris de Stockholm vient de me donner hier après-midi son feu vert. Il s'agit de Häng City de Mikael Yvesand que je traduis provisoirement par Cité en suspens / En suspens dans la ville. Comme pour mes quatre premiers romans traduits en français depuis le suédois, je ne le lis pas à l'avance. Je réécris à la main sur mon PC de chaque chapitre 10 à 15 lignes et ensuite je les traduis, puis je recommence. Ainsi je n'ai aucune idée préconçue, pas de préjugé, aucun choix préalable qui pourraient influer sur ma traduction ou même la déformer ou la polluer. Je ne sais pas où je vais, la route est belle. Il y aura peut-être de nouveau sur tout le parcours des oies sauvages qui vont se lever à mon passage, m'accompagner sur 4 ou 5 kilomètres en faisant furieusement des rondes au-dessus de ma tête. Jusqu'au Cap Nord les oies m'avaient toujours prouvé qu'elles étaient les seuls êtres qui savent me jauger et me gratifier pour ce que je suis. Et il est passionnant de se sentir, en tant que traducteur, entonné par un langage, visité par un autre esprit, esprit auquel on ne se soumet pas, mais en face duquel on s'interroge jusqu'à se surprendre, jusqu'à pleurer parfois. Pour moi, ceci représente chaque fois 1000 heures de travail par roman d'environ 300 pages, trois mois intensifiés, et ceci n'est strictement pas différent de ce qui m'était arrivé à chaque fois que je suis parti seul, à vélo à traction animale, pour aller conquérir les Îles Lofoten/Vesterålen, plusieurs fois le Alta Platået jusqu'à Skaidi, plusieurs fois la Laponie, ou deux fois le Cap Nord au bout du continent européen, tout en sachant qu'au Cap Nord il n'y a rien à voir, rien d'autre qu'un littoral de presque 300 mètres de haut qui surplombe l'Océan Arctique glacial à bâbord et la Mer de Barents à tribord. Rien d'autre qu'un rendez-vous avec un bout, avec soi. Ne sommes-nous pas juste un bout de tunnel, un bout de lumière, dans notre chaine d'arpenteur de notre espace de vie qui ne sait demeurer que dans son inconnu? De ces rendez-vous avec soi, on en pratique dans sa vie des millions, mais un tel rdvz au Cap Nord, en venant à vélo depuis septentrion tout en sachant qu'il n'y a rien ni personne pour vous saluer, ni pour vous donner du pain, ni pour vous tendre la main, est une tirade de courage, comme nulle part ailleurs l'existence peut vous en procurer. Le 28 juillet 2016 après plus de 1600 kilomètres en 20 jours j'avais écrit >>> Et ci-dessous, regardez les belles ombres, et pourtant il est 12h20. C'est pourquoi j'aime le nord, il y a toujours une ombre de soi, on ne marche pas dessus, on ne piétine pas, on est en même temps soi et son ombre. Et puisqu'il y a ombre de soi, de nous, il n'y a pas hégémonie de l'être. L'être n'est qu'un élément de l'alentour. En ayant écrit ceci le 28 juillet 2016, j'ai comme l'impression que j'ai été dans une mouvance tout autant télépathique que prémonitoire avec le roman Häng City - Cité en suspens que je commence en ce jour du 6 juillet 2024, 8 ans plus tard, à traduire. Je vous invite à lire en entier mon post de ce 28 juillet 2016. Tout au long de ma traduction qui m'offre maintenant un voyage de 3 mois, de 1000 heures de travail, nous verrons, si, comme il semble que je le pressente en ayant juste lu à l'arrière du roman le résumé, Mikael Yvesand se meut, lui aussi, juste entre les franges de l'humain que personne ne considère.
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Kära Katarina,
Det är märkligt, men jag måste få berätta för dig om en dröm jag hade. Jag slår upp ögonen. Det känns som att det är sent, men ändå ljust ute. Jag reser mig ur sängen och går ut på gräsmattan. Det är alldeles tyst ute. Inga bilar, inga människor. På grannens tomt ser jag plötsligt tre schimpanser. De håller på att vända på bråte som ligger utspritt på gräsmattan. Hävstänger, kilar och trugstycken. De försöker sätta samman delarna men har ingen ritning och ingen finmotorik. Av någon anledning går jag fram och börjar hjälpa dem. Tillsammans lyckas vi få delarna att passa ihop. Undan för undan tar en konstruktion form. Till slut står den klar på gräsmattan, men jag förstår inte själv vad det är jag hjälpt dem bygga. Det ser ut som en gigantisk blåsbälg kopplad till ett slags orgel. En av aporna tar tag i ena skalmen och hänger sig från den så att luften börjar vibrera. Då hör jag musik, tusentals trumpeter från himlen. Det låter vackert, men samtidigt fruktansvärt, som slutet på allting. Aporna blir galna, börjar visa tänderna och slå i marken. Jag förstår då: jag har hjälpt dem bygga ett instrument ämnat att kalla på någon och fylls plötsligt av fasa och ånger – vad har vi gjort? Aporna fortsätter skrika i extas. De vet att de förstör sig själva, men det är det enda de kan göra. Jag själv står kvar och förstår inte varför jag hjälpte dem. Det kändes som att det var meningen, som att det var en film som skulle utspela sig på ett visst sätt. Plötsligt slår en blixt ner i huset vi står vid. Aporna faller ner på knä i en halvcirkel vända mot huset. Jag gör likadant, utan att förstå varför. Det är som en teaterpjäs. Jag ligger så med ansiktet ner i gräset och försöker vara tyst. Trots att jag blundar så ser jag hur det mörknar.
Vad kan allt det här betyda?
Krama från mamma
Chère Katarina,
C'est étrange, mais je dois te raconter un rêve que j'ai fait. J'ouvre les yeux. J'ai l'impression qu'il est tard, mais que dehors il fait encore jour. Je sors du lit et je vais sur la pelouse. C'est très calme à l'extérieur. Pas de voitures, pas de gens. Soudain, je vois trois chimpanzés dans la cour du voisin. Ils sont en train de retourner sur la pelouse les gravats éparpillés. Ils soulèvent des barres de levage, des goupilles et des morceaux d'auges. Ils essaient d'assembler les pièces, mais ils n'ont pas de plan et sont dépourvus de toute dextérité. Pour une raison que j'ignore, je me suis approché et j'ai commencé à les aider. Ensemble, nous parvenons à assembler les éléments. Petit à petit, la structure prend forme. Enfin, elle est prête sur la pelouse, mais je ne comprends pas moi-même ce que je les ai aidés à construire. On dirait un soufflet géant relié à une sorte d'orgue. L'un des singes saisit l'une des montures et s'y suspend pour faire vibrer l'air. J'entends alors de la musique, des milliers de trompettes venant du ciel. Le son est magnifique, mais en même temps terrible, comme si c’était la fin de tout. Les singes deviennent fous, commencent à montrer les dents et à frapper le sol. Je réalise que je les ai aidés à construire un instrument pour invoquer quelqu'un et je suis soudain rempli d'horreur et de regrets: qu'avons-nous fait? Les singes continuent à hurler comme pour exprimer de l'extase. Ils savent qu'ils se détruisent, mais c'est tout ce qu'ils peuvent faire. Moi-même, je ne comprends pas pourquoi je les ai aidés. J'avais l'impression que c'était fait pour durer, que c'était un film qui devait se dérouler d'une certaine manière. Soudain, un éclair frappe la maison près de laquelle nous nous trouvons. Les singes s'agenouillent en demi-cercle face à la maison. Je fais de même, sans comprendre pourquoi. C'est comme une pièce de théâtre. Je m'allonge à plat ventre dans l'herbe et j'essaie de ne pas faire de bruit. J'ai beau fermer les yeux, je vois qu'il fait de plus en plus sombre.
Qu'est-ce que tout cela peut bien vouloir signifier?
Câlins de maman
Jag går in i köket och vittjar en askkopp i jakt på en lång fimp men råkar spilla ut innehållet över köksgolvet. Ett fimpluktande åskmoln uppstår och upphör. Detta fordrar sanering. Polisen kanske kommer hit. Jag sliter fram dammsugaren ur städskåpet, drar radiokontakten ur väggen och ersätter en väderrapport med dammsugaren tomma skrik. Några sekunder efter att jag försäkrat mig om att all aska är borta inser jag att det finns en risk att nån myndighet begär ut dammsugarpåsen och dess innehåll. Ja, och vad fan ska jag göra då? Jag öppnar dammsugaren, kopplar loss den räfflade plastslangen och börjar fiska ut fimpar med fingrarna. En vag känsla gör sig påmind. En lukt, eller egentligen en kombination av flera lukter. Damm, elektricitet och obördig jord. Bortglömda fingervantar. Det är inte så mycket en lukt som en känsla i näsan. Den ondskefulla versionen av doften av en kallsup. När jag var sju, åtta år lärde nån mig att man kunde lägga en nålmagnet i en fryspåse och sedan dra den genom sandlådan och på så sätt samla på sig de korn av metall som fanns i sanden. Det svindlade att det fanns en mörk, gömd värld i den gamla vanliga kommunsandlådan på Höstvägen, där man förbrukat så många dagar. En känsla av fara. Asbest mitt i florsockret. Doften från dammsugarpåsen spelar upp denna bild för mitt inre. Är det lukten av smuts i sin renaste from? Grundämnet orenhet. Jag spolar ner fimparna i toaletten. Alla utom en som är lång nog att tända utan att elda upp luggen. Den sparar jag i strumplinningen innan jag öppnar ytterdörren och kliver ut i solen. Pupillerna krymper och den vita överexponerade himlen får detaljer. Grannarna mitt emot försöker förankra en fladdrande duk på plastbordet med hjälp av två flaskor Herrljunga päroncider. Solen har gått i moln, men det är tjugo grader lätt. Nåt faller omkull i hallen, en poltergeists sista ansträngning att hålla mig kvar. Med skateboarden i handen tänker jag på vad jag ska göra av apelsinen i magfickan, mitt nuvarande problem i livet. Jag sätter mig på skateboarden, tar fimpen från strumplinningen, tänder och åker assrace nerför backen.
Je vais dans la cuisine et je surprends le cendrier en chasse d'un long mégot, mais j’en renverse accidentellement le contenu sur le sol de la cuisine. Un nuage puant le mégot s’en élève et disparaît. Cela nécessite une décontamination. La police pourrait venir ici. Je sors l'aspirateur du placard, débranche la radio et remplace un bulletin météo par les cris sans formes de l'aspirateur. Quelques secondes après m'être assuré que toutes les cendres ont disparu, je réalise qu'il y a un risque qu'une autorité quelconque réclame le sac de l'aspirateur et son contenu. Et alors, qu'est-ce que je suis foutu censé faire? J'ouvre l'aspirateur, je débranche le tuyau en plastique côtelé et je commence à retirer les mégots de cigarettes avec mes doigts. Une sensation floue me vient à l'esprit. Une odeur, ou plutôt un mélange d'odeurs. Poussière, électricité et terre stérile. De gants à crispins oubliés. Ce n'est pas tant une odeur qu'une sensation dans le nez. La version maléfique d’un relent comme si j’avais bu la tasse. Quand j'avais sept ou huit ans, quelqu'un m'avait appris qu'on pouvait mettre une pointe aimantée dans un sac de congélation et la traîner dans le bac à sable en ramassant les grains de métal qui s'y trouvaient. C'était vertigineux de penser qu'il y avait un monde sombre et caché dans un ordinaire et vieux bac à sable de la commune sur le Höstvägen, où l'on avait passé tant de jours. Un sentiment de danger. De l'amiante au milieu du sucre glace. L'odeur du sac de l'aspirateur fait surgir cette image en mon moi intérieur. Est-ce l'odeur de la saleté à l'état pur? L'élément ultime de l’impureté. Je jette les mégots dans la cuvette des toilettes. Tous sauf un, qui est assez long pour être rallumé sans se brûler les pattes. Je le garde dans la doublure de ma chaussette avant d'ouvrir la porte d'entrée et de m'exposer au soleil. Les pupilles se rétrécissent et le ciel blanc surexposé met en avant les détails. Les voisins d'en face tentent de fixer sur la table en plastique une nappe battante au vent à l'aide de deux bouteilles de cidre Herrljunga de poire. Le soleil s'est enfoncé dans les nuages, mais il fait vingt degrés. Quelque chose se renverse dans l'entrée, un ultime effort d'un poltergeist pour m'empêcher de continuer. Le skateboard à la main, je réfléchis à ce que je vais faire de l'orange qui se trouve dans la poche devant mon estomac, mon problème existentiel du moment. Je monte sur le skateboard, je saisis le mégot dans la doublure de ma chaussette, je l'allume et dévale à fond de train la colline.
Det är varmt. Jag drar av mig huvtröjan och klämmer fast byltet ovanpå skateboarden på pakethållaren. I rörelsen rullar apelsinen ur fickan och dunsar stumt i asfalten. Hur blir man av med en apelsin? Detta måste få ett slut. Jag beslutar mig för att det enda sättet är att gräva ner den i sandlådan här bredvid, kanske den blir ett träd en dag. Jag sätter mig på huk vid klätterställningen och börjar skyffla undan den solvarma sanden. Händerna blir grådammiga och matta som sammet. Det luktar dammsugarpåsen igen. Utbrunnet proppskåp. Efter några nävtag asbest blir sanden sval och mörk. Det är nånting obehagligt med att lyfta på saker på sommaren. Man måste vara försiktig, inte snoka för mycket. Undvika att gå för långt ut i det oklippta gräset bakom skjulen eller gräva för djupt i sandlådan. I sedimenten finns liket från ett overallklätt barn, försvunnet och bortglömt sedan vintern 1993. Runt knuten bakom garaget: en mänsklig lunga fylld av pissmyror.
Il fait chaud. J'enlève mon sweat à hoodie et je serre sur le porte-bagages avec des tendeurs élastiques le ballot posé sur le skateboard. Ce faisant, l'orange sort de ma poche et s'écrase avec un bruit mat sur l'asphalte. Comment se débarrasser d'une orange? Il faut que cela cesse. Je décide que la seule solution est de l'enterrer dans le bac à sable d'à côté, peut-être deviendra-t-elle un arbre, un jour. Je m'accroupis près de la structure d'escalade et je commence à enlever le sable chauffé par le soleil. Mes mains sont grises et ternes comme du velours. Ça sent encore le sac de l'aspirateur. Boîte à fusibles grillés. Après avoir pris quelques poignées d'asbeste, le sable devient frais et sombre. Il y a quelque chose de désagréable à soulever des objets en été. Il faut faire attention à ne pas fouiner de trop. Eviter d'aller trop loin dans l'herbe non coupée derrière les hangars ou de creuser trop profondément dans le bac à sable. Dans le sédiment, le cadavre d'un enfant vêtu d'une salopette, perdu et oublié depuis l'hiver 1993. Au coin de la rue, derrière le garage: un poumon humain rempli de fourmis rouge.
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