Samtal med konstnären Marc Savior - Conversation avec un peintre

 

 

 

Au Gotlands kulturhistoriskt museet j'ai eu par hasard une très longue conversation en suédois avec le peintre canadien Marc Savior.

Nous nous sommes rencontrés au café du musée par hasard. Men det är ingen tillfällighet, det är ödet - mais ceci n'est pas le hasard, c'est le destin.

Marc Savior a une carrière internationale. Mon niveau technique n'atteint pas le sien, mais nous nous sommes mutuellement reconnus l'un dans l'autre parce que nous avons la même démarche, à savoir l’œil et son pourtour.

Marc construit, selon moi, un monde autour de l’œil, parce que l’œil lui fait mal.
Pour ma part je rassemble autour de l’œil un monde silencieusement perdu, par ce que l’œil me fait pleurer.

Sur le tableau de gauche je reconnais parfaitement son œil. C'est à mon avis son autoportrait.

Marc et moi, savons regarder les autres, car notre peinture ne se ressent que dans l'humain et pas dans la casserole.

Nous nous sommes compris et appréciés. Marc y inclut une violence et un barbotement d'énergies crépitantes et cisaillantes.
Pour ma part j'arrête le bruit et laisse passer l'onde. Je veux voir les gens vivre et laisser venir à nous la souffrance courante.

Voici ce que   Marc Savior   dit de lui.
Et au fil de la conversation Marc Savior m'apprend aussi qu'il a aussi exposé chez nous à Strasbourg au    Winter Salon 2017    .
Det är ingen tillfällighet, det är ödet.

J'ai un ami érudit, pianiste, romancier et peintre qui suit mon voyage, et il hurle à chaque fois depuis des années quand je lui parle de la gouvernance par le destin. Il n'arrive pas à combler ce qui est chez lui une faille. C'est peut-être le Stenstrand d'Ingmar Bergman?

J'ai fini notre conversation avec Marc Savior en lui faisant écouter    La Gaspésie, du chanteur canadien Félix Leclerc  . Écoutez bien les paroles, et méditez.

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Et voici quelques-unes de mes huiles qui ont été appréciées par Marc Savior.

Elles font partie de ma série sur la Chute du Mur de Berlin que j'avais peinte en... 1986 et 1987 !!! Le mur est tombé le 9 novembre 1989.

Mon avant-dernier tableau prémonitoire avec le carré rouge s'appelle "directement du communisme au fascisme".
Il n'est pas donné à tout le monde d'être en même temps dans deux mondes au moins. Et de savoir en parler.

Le premier tableau ci-dessous est mon ultime daté de 92/95. Il était le dernier de ma série sur la chute du Mur de Berlin.
A droite j'avais dessiné Lothar de Maizière, le 1er président élu démocratiquement de la RDA,
et au milieu il y avait son ministre de la défense, bien qu'il ait été un curé et qu'il était un activiste qui a conduit à la chute du mur.
Quand il était interviewé à la TV on lui disait "Pfarrer Eppelmann - Curé Eppelmann" et non pas Herr Minister.
Mon dernier tableau était resté inachevé de 92 à 95.
En juillet 95 j'ai caché ces deux membres du gouvernement de la RDA démocratique par un fond noir,
j'ai fait un fondu avec l'épaule gauche du gamin, et j'ai effacé le verre de cristal cylindrique qui recouvrait sa tête.
Ce verre qui avait eu un choc thermique au lavage dans ma cuisine n'avait plus de fond mais un bord tranchant comme un rasoir. Il y avait transparence et mort en même temps.
Si on regarde bien on en voit encore un trait gris vertical de la pommette à l'arcade droite, et un sur son oeil droit et sur le menton descendant de sa droite vers la gauche.
Je n'ai jamais su au final depuis juillet 1995 si le gamin hurle de douleur ou rit.

Au Gotlands Kulturhistoriskst Museet j'ai eu aujourd'hui après notre longue conversation plein d'idées pour de nouvelles peintures à l'huile, car, si vous ne le saviez pas, j'ai aussi conçu cette expédition septentrionale d'automne à vélo comme mon Santiago de Compostela nordique, ma suite de mon Kalevala, mon retour sur le regard inquiet d'Ingmar Bergman sur l'humain, ma remise en questionnement de l'observation tragique et constructive d'August Strindberg sur la femme, l'homme et l'enfant... et un fine mon rappel de moi-même exactement là où j'étais quand j'avais cessé la peinture à l'huile en 1995 après avoir fait environ 275 tableaux.

Que de permettre une telle imprégnation n'est possible qu'en se rendant à vélo aux lieux de vie éloignés en genre et en ombre.

La désanthropisation de ma partie dominante de moi, celle qui a été forcée à être civilisée pendant 66 ans pour servir à quelque chose sur cette terre entre des bancs et des murs, se devait de passer par là depuis mon départ de Helsinki il y a deux semaines.

 

 

 

 

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