tystnaden i Visby - le silence à Visby

 

Ce qui est lourd dans des villes touristiques, est qu'il y a des dizaines de milliers de gogols qui font la même chose que moi et ça me bouche la vue et l'ouïe.

Le bruit de cette avalanche de personnes est même encore plus incursif. Stockholm est un exemple de ce genre qui m'a fouetté le visage de part en part.
Il ne m'étonne pas du tout que c'est à Stockholm et depuis Stockholm que Greta Thunberg demande à ce que le monde et le langage que nous nous sommes construits sur le monde prennent l'autre tournure.

On y fait donc du tourisme sans être réceptif mais on pourra dire que l'on y a été sans même avoir besoin d'avouer que l'on n'en a eu aucun vécu.
Ça doit être ça, faire du tourisme. Être un objet anthropique au milieu d'autres. La question dans ces endroits "être ou ne pas être" ne se pose pas,
il faut y avoir été et le rapporter aux autres pour prouver que l'on sait trouver de l'intérêt par ailleurs.

J'ai connu Visby en juillet 2018 avec ma MGB. J'avais pris des milliers de photos, c'était affreux.
Heureusement Visby est libre en octobre de toutes ces violations et la ville est pour moi tout seul.
En dehors de l'été, Visby est libre et vit à son rythme. En été cette ville de 23.000 personnes en reçoit 800.000.

Visby était une riche ville hanséatique tout le temps convoitée.
Vers 1500 elle a dû subir des assauts et des grandes églises en pierres de taille ont été détruites et depuis cette époque leurs ruines sont restées telles qu'elles.
L'étonnant est que ces ruines sont restées telles quelles debout et quelles sont respectées par les habitants depuis lors qui en ont besoin sans en faire quoi que ce soit d'autre que de les laisser là.
L'âme n'est pas là où l'on croit qu'elle est ou où l'on veut qu'elle soit.

On dit que Visby est la ville des roses et des ruines.
Mais justement ces ruines en portent le terme pour ceux qui aiment traduire en mots,
mais elles prouvent justement que la phénoménologie est dans le langage exactement ce qu'une majorité en fait.

L'important dans le tourisme est de se mettre sur la tangente de la détermination du savoir et de traduire celui-ci dans du langage à utiliser chez soi une fois rentré à la maison.
Avec internet et un travelblog le pont phénoménologique est instantané et se dispense même de la fermentation par la levure du langage.

Mais la traduction est une chose morte. Le tourisme nourrit la mémoire eidétique pour permettre de construire un langage de brochure promotionnelle qui sera et est le constituant du langage avec lequel la communication fonctionne dans toute communauté.

Visby est la seule ville d'Europe dont le mur d'enceinte fortifié est resté en entier debout. Visby raconte donc autre chose avec la pierre de l'anthropisation. Quand on n'a pas fait des milliers de kilomètres à vélo dans la toundra, on croit qu'une ville est une ville.

Je suis allé aujourd'hui juste au supermarché pour remplir mon frigo et j'ai dormi cette après-midi. Je dois commencer à me faire vieux.

Je suis maintenant le seul gogol au camping.

Ce camping est "obemannad", c'est à dire qu'il n'y a pas de réception mais un terminal d'ordinateur sur la façade d'une maisonnette en bois.

A Umeå un énorme hôtel fonctionne ainsi, le client, qui est doté de doigts par la grâce de dieu, gère son enregistrement, son paiement tout seul et une carte électronique est éjectée d'une fente. En face de lui il y a une glace, comme ça il peut se sourire à lui-même et se dire merci.

A Stockholm il existe même un magasin d'alimentation qui est obemannad. Il y a même des suédois qui se sont fait installer comme des chiens une puce sous la peau dans le bras. Elle remplace la carte de paiement et beaucoup de magasins et de restaurants sont cashless. Aldus Huxley, Hitler, la Stasi ou le KGB n'auraient pas rêvé mieux pour leur pôle de renseignements. Et comme disait le philosophe Adorno, les hommes ont besoin d'être trompés et mettent tout en œuvre pour y parvenir.

La réception de ce camping obemannad de Visby n'est jamais là, la communication se fait par internet. Seule la femme de ménage était dans le bâtiment des douches quand je me suis levé vers 11h. Le camping n'est séparé de la plage que par une piste cyclable. Quelqu'un pourrait m'assassiner cette nuit, ce ne sera que dans une semaine où ma location terminée la femme de ménage s'en rendrait compte. Ici je suis moins que rien. C'est le sommet de la vie d'un clown. Un accomplissement en soi. La descension sociale confirmée. De l'anthropisation au cadavre en passant par la dystopie. Le voyage à vélo est formateur pour l'esprit qui reste.

Je suis seul au camping mais il y a 24h/24 de la musique dans les cabinets. Moderne, pop qui est, elle, anxiogène au contraire de ce que j'écris. A mon avis les cabinets ont peur d'eux-mêmes et la musique doit lénifier leurs borborygmes et les bulles de leur appétit en souffrance.

Là, je crois que j'ai dépassé "Le plaidoyer d'un fou" d'Auguste Strindberg.

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