
Bien qu'il doive me rester dans les 800 kilomètres pour rejoindre Helsinki en faisant la boucle par la côte, en abandonnant le Golfe de Bothnie au nord et en prenant le cap à l'est le long de la Mer Baltique proprement dite, je sens déjà s'installer en moi ce qui doit être le second état d'âme permanent des tziganes. Le premier me semble être la nostalgie de ce qui n'est pas là mais vers lequel on ne peut se soustraire dans notre déplacement nécessaire. Le second est la tristesse d'abandonner ce que l'on a pas rencontré et qui doit être sensiblement le témoin de notre passage. J'ai l'impression d'être capable de ressentir des mollets jusqu'aux poumons et aux narines ce swing rom, qui même s'il donne dans toutes directions, n'en est pas moins qu'un simple ruban enroulé sur notre bobine corporelle et que l'on déroule. Je ne pense pas que ce ruban soit le Fil d' Ariane, car notre quenouille ne nous est pas donnée pour que nous traduisions un sens. Même si je suis mon GPS et ma carte, je ne me donne pas de sens, je n'en cherche pas et je n'en attends pas. Je me contente de regarder l'herbe et les arbres qui interprètent le vent, les chardons et les rallarros qui prennent le soleil et les oiseaux heureux de trouver à manger à leur faim. Un voyage ne se prépare pas.