En lisant la postface du livre "Samlade Dikter - Anthologie de la poésie" de Pär Lagerkvist, j'ai de suite remarqué que je faisais un lien avec le livre de Simone de Beauvoir "För en tvetydighetens moral - Pour une morale de l'ambiguïté". Pär Lagerkvist traite ici dans le domaine de la poésie les questions existentielles ambiguës.
En feuilletant un peu cette anthologie je me suis bien douté à la vue du choix des mots et de leurs accords et dissonances entre eux au travers de la parole et du regard que Pär Lagerkvist était aussi à comprendre parmi les existentialistes. Ma recherche sur Wiki a confirmé mon humble intuition et m'a montré que sa pièce de théâtre "Barabbas - Du Mal d'être au Non-être" est en similarité avec "L'Être et le Néant" de Jean-Paul Sartre.
Après la WW2 les écrivains avaient des problèmes avec le langage qui avait permis par appartement la destruction totale de l'homme. Pär Lagerkvist est fils d'un garde-barrière de Växjö, a été profondément protestant, puis a abandonné sa religion pour devenir un Socialiste. Entre le langage performant pour formater l'homme communiste, nazi, fasciste, génocidaire, rationaliste, scientifique et progressiste, les écrivains ressentaient bien que le langage avait atteint toutes ses disproportions inimaginables, mais qu'il restait vital de continuer à parler en utilisant des mots, toujours les mêmes, mais en ayant face à ceux-ci une circonspection et une modestie absolue. Mais il était un devoir pour les écrivains d'être volubiles et de parler pour ceux qui vous suivront plus tard sur la terre et pour ceux qui sont sous terre. Ceci est donc ma dissertation introductive sur Pär Lagerkvist.
"Barabbas" de Pär Lagerkvist est de 1950.
"L'Être est le Néant" de Sartre est de 1943.
"Pour l'ambiguïté de la morale" de Simone de Beauvoir est de 1947.
Ma mère a chanté tout Bach toute sa vie au Willhelmer Chor - Choeur Saint-Guillaume de Strasbourg. Elle même avait une observation terrible du Barabbas de la Passion selon Saint-Jean. Elle en avait une frousse viscérale et je crois bien qu'elle s'identifiait à lui, pour sa vie et sa vie de femme. Elle chantait souvent le nom de Barabbas "Barabbam - Barabbam" dans sa cuisine, le Barabbas de la Matheus Passion de Johan Sebastian Bach. Lisez ici et vous comprendrez son effroi et sa quête de réalité. Une femme au foyer pouvait elle aussi mener ses réflexions divines et existentialistes dans sa cuisine, mais Simone de Beauvoir avait su donner aussi beaucoup de dignité aux femmes cachées.